Que valez-vous vraiment ?

No one can make you feel inferior without your consent.

Eleanor Roosevelt

Les années 2010-2020 auront vu la montée d’un certain nombre d’outils numériques qui font désormais office d’incontournables. Parmi eux, une flopée de réseaux sociaux aux mécanismes/algorithmes douteux dont la désormais omniprésente plateforme professionnelle LinkedIn. Cette dernière a fini pas s’imposer comme un inévitable CV numérique capable de mettre rapidement en relation des personnes du monde entier. Le réseau a su apporter un lot d’innovations qui valent leur pesant d’or à ceux qui cherchent un poste comme à ceux qui en proposent.

Les beaux-discours

Mais que vaut véritablement ce dernier ? En surface il a toutes les apparences d’un incroyable outil de vente. Y figurent notre parcours, nos expériences, nos compétences, une note d’intention, peut-être même nos souhaits professionnels…et pour certains leurs passions, leurs lectures, leurs hobbies…Malgré tout cela, il reste à mon avis aussi limité sur le fond que sur la forme.

Sur cette dernière, il n’y a pas grand chose à dire. Les possibilités de variations de mise en page étant proches du néant, à dessein j’imagine. Les pages se suivent et se ressemblent, pour mieux faciliter la recherche d’information et la rapidité de consultation. Un bel exemple de design”corporate”, d’austérité et de tristesse…

Et sur le fond ?

Nous y présentons une infime parcelle de nous-mêmes. Et cette petite fenêtre ouverte sur notre vie professionnelle pourrait facilement nous faire oublier l’intégralité de qui nous sommes vraiment, de ce que nous proposons réellement lorsque nous nous mettons au service d’une organisation (ou d’un client).

Sur LinkedIn (comme ailleurs) la superficialité reste la norme. Beaucoup d’entreprises font étalage de vertu à la moindre occasion à grands renforts d’auto-congratulations du genre “best place to work 2018”. D’autres se prétendent une “famille” (alerte rouge), et d’autres encore prétendent recruter leurs futurs collaborateurs sur leur personnalité et leur originalité. En tout cas le clament-elles haut et fort. Mais force est de constater que dans une grande majorité de cas, une seule chose les obsède vraiment, vos années d’expérience (sauf si vous êtes d’accord pour travailler gratuitement, et encore).

Ce que vous valez vraiment

Il est bon de ne pas oublier d’un autre côté que certains candidats ne sont probablement pas eux-mêmes des modèles de vertu et d’intégrité…ou bien est-ce un problème d’adéquation entre le poste et le candidat ?

Quoi qu’il en soit, ces remarques sont l’occasion de rappeler aujourd’hui que nous sommes tous beaucoup plus qu’un simple compteur d’années travaillées. Il est bon de ne pas oublier que notre valeur se définit sur un spectre extrêmement large qui ne tiendrait pas sur une page de réseau social. Elle est présente par exemple dans :

• Les perspectives que vous offrez. Vous avez une façon de voir les choses qui vous est propre. Les raisons sont nombreuses pour s’auto-censurer, n’hésitez pas à donner votre point de vue !
• Votre sens de l’humour. Il n’y a probablement rien de pire que de travailler avec des bonnets de nuit. Tant qu’on ne tombe pas dans les excès et la fumisterie, l’humour détend et permet de relativiser pas mal de problèmes. Préférez-vous collaborer avec quelqu’un qui est aimable comme une porte de prison ou un collègue qui sait prendre les difficultés avec recul et légèreté ?
• Votre gentillesse. Est-il nécessaire de développer ce point ? Vous aurez toujours des motifs de mécontentement et de frustration au travail. Les extérioriser sur les autres n’apportera rien de positif à la situation…au mieux vous générerez du ressentiment et vous ferez quelques ennemis.
• Votre capacité d’écoute. Beaucoup de personnes entendent mais n’écoutent pas vraiment leurs interlocuteurs. Posséder une capacité d’écoute active aujourd’hui, c’est un peu comme avoir un super-pouvoir. Peut-être parce que l’écoute active consomme une denrée de plus en plus gaspillée : l’énergie. Écouter avec attention est un exercice épuisant mais tellement bénéfique aux relations que votre image en sera radicalement transformée…en bien.
• Vos attentions, vos manières. Qui couvrent un spectre assez large. Le minimum syndical c’est “bonjour/au revoir”, “Comment ça va?”, “Besoin d’aide ?”, un compliment etc. Ça a l’air d’une évidence ? Et pourtant, pour tout un tas de raisons, ça se perd. Il y a quelques années je croisais tous les matins le patron de la boîte qui partageait ses locaux avec celle où je travaillais. Le type ne répondait aux “bonjour” que le 36 du mois, et plutôt les années bissextiles…Sympathique ambiance !
• Votre engagement dans ce que vous faites. Notre niveau d’engagement change beaucoup, selon nos missions, selon nos envies, nos humeurs, selon les gens avec qui nous travaillons, selon notre salaire, selon nos frustrations etc. Maintenir un niveau d’engagement élevé en toutes circonstances dans toutes nos activités est une gageure…et donc absolument remarquable.
• Votre façon de résoudre les problèmes. Certains veulent agir et mettre en place une solution immédiatement. D’autres veulent faire des recherches. D’autres encore veulent obtenir des avis extérieurs. Et encore d’autres estiment que le problème n’en est pas un…etc. Une fois de plus, votre vision est unique.
• Les connections émotionnelles que vous créez avec les autres. Encore un point qui paraît évident. J’ai eu des collègues avec lesquels la moindre connection était impossible à moins de jouer aussi à League of Legends 4h par jour. Je caricature pour souligner le fait que beaucoup restent dans leur petit monde sans trop s’intéresser aux autres. Votre ouverture vous fera briller parmi eux…
• Vos manies et vos petits défauts Tant qu’elles ne constituent pas une nuisance pour vos collègues. Tant qu’elles sont sous votre contrôle. Nous avons besoin de rituels, d’habitudes, de routines sur lesquels nous reposer quand des choses changent…vos manies et vos biais en font partie.
• Votre expérience, courte ou longue, de 6 mois ou de 10 ans.
• Vos passions. Il y a bien longtemps, certains conseillaient de les mettre sur le CV, avant qu’elles ne deviennent finalement un sujet de rigolade rapidement balayé d’un revers de la main. Pourtant, elles racontent énormément sur vous. A minima, se sont autant de sujets de conversation pour tisser des liens entre collègues.
• Votre réseau. Le cooptage a sans doute ses défauts, mais apparemment ça fonctionne. Et sans aller jusque là, votre réseau fait aussi partie de vos propres ressources. Un groupe dans lequel vous pouvez puiser foule d’idées et de conseils à appliquer dans votre vie professionnelle comme personnelle.
• Votre fiabilité et votre intégrité. Faites-vous vraiment ce que vous dites que vous allez faire ? La plupart des personnes que j’ai cotoyées en entreprise en tant que Coach Agile pratiquent l’art pas vraiment subtil de l’annulation de rendez-vous tardive. En cause ? Des réunions impromptues, l’arme absolue pour se défausser de ses engagements. Ces réunions sont évidemment critiques pour l’avenir de l’entreprise et de l’humanité toute entière. Sortez du lot, votre fiabilité est un atout !
• Votre ponctualité
• Etc.

Et nous pourrions en ajouter bien d’autres ! Cette liste, c’est celle de vos valeurs. Ce sont elles qui vont déterminer la qualité de votre intégration dans un nouvel environnement, dans une nouvelle équipe. Nous sommes en définitive beaucoup plus qu’un simple bout de papier ou qu’une page web préformatée avec notre trombine en médaillon.

Tout le monde le sait déjà, c’est un fait, mais qui pense à s’en rappeller quand sa valeur est uniquement évaluée à l’aune des organisations dans lesquelles il a travaillé précédemment ? Qui est capable de garder cela à l’esprit lorsque son intégrité est remise en question ? Bien peu de monde à mon avis. Une liste à méditer et à ne pas perdre de vue lorsque les recruteurs, collaborateurs, collègues et autres évaluateurs se laissent tenter par l’envie d’un raccourci réducteur…

Et vous, quelles sont les 5 valeurs les plus importantes à vos yeux ?

À bientôt !